Depuis un demi-siècle et plus, l'aveyronnais Pierre Soulages est "le peintre du noir".
Pourtant, son matériau premier est la lumière. Portrait du peintre entre ses amours
préhistoriques et romanes et sa consécration de Saint-Pétersbourg, où il a été le
premier artiste vivant exposé au musée de l’Ermitage.
"J’aime l’autorité du noir, dit-il. C’est une couleur qui ne transige pas. Une couleur
violente mais qui incite pourtant à l’intériorisation. A la fois couleur et non-couleur.
Quand la lumière s’y reflète, il la transforme, la transmute. Il ouvre un champ mental
qui lui est propre." Car c’est là que tout se passe : dans la lumière du noir. Ou plutôt
dans la faculté du "noir Soulages" à réfléchir la lumière, à la moduler, la sculpter, y
soulever des lames de fond, y creuser d’obscures profondeurs, y scander des rythmes et
tensions, y plisser des textures géologiques.
Pierre Soulages est nĂ© le 24 DĂ©cembre 1919 Ă
Très jeune il est attiré par l'art roman et la préhistoire. Il commence à peindre dans
cette province isolée que n'ont pas pénétré les courants artistiques contemporains. A
18 ans, il se rend à Paris pour préparer le professorat de dessin et le concours d'entrée
à l'Ecole Nationale supérieure des Beaux-Arts. Il y est admis mais convaincu de la
médiocrité de l'enseignement qu'on y reçoit refuse d'y entrer et repart aussitôt pour
Pendant ce bref séjour à Paris il fréquente le musée du Louvre, il voit des
expositions de Cézanne et Picasso qui sont pour lui des révélations.
Il a douze ans quand son instituteur l’emmène, avec sa classe, visiter l’abbaye romane
de Sainte-Foy de pour leur montrer la splendeur de l’architecture... et la
"maladresse" des sculpteurs de l’époque. Soulages est trop jeune encore pour mettre
des mots sur l’indignation que provoque en lui ce regard sur la sculpture médiévale,
mais lui apporte confusément une double révélation : la passion de l’art roman et le désir de devenir peintre.
Soixante ans plus tard, quand l’Etat français le sollicitera pour réaliser des vitraux pour
la belle abbaye bénédictine (l’une des plus importantes commandes qu’il ait jamais
passées), Soulages ne pourra dire non au lieu de ses premières grandes émotions
artistiques.
C’est ainsi qu’en 1994, étrenne ses cent quatre nouveaux vitraux qui relèvent magnifiquement le difficile défi d’inscrire une œuvre du XXe siècle finissant dans un
édifice du XIe siècle.
Communiqué du Ministère de la Culture, mardi 13 septembre 2005 :
Renaud Donnedieu de Vabres salue la donation officielle de Pierre et Colette
Soulages à la Communauté d’agglomération du
" Pierre Soulages a procédé mardi 13 septembre 2005 en son domicile de Sète à la
signature officielle de la donation que son Ă©pouse Colette et lui mĂŞme souhaitent faire
à la Communauté d’agglomération du , ville dont le peintre est originaire.
Constituée de plus de deux cent pièces, cette donation d’un montant d’environ 12
millions d’euros, révèle la variété et la richesse de l’œuvre de cet artiste exceptionnel,
mondialement reconnu. Les œuvres données, d’une qualité exceptionnelle et souvent
inédites, représentent les différentes techniques employées par l’artiste :
peintures parmi lesquelles de nombreux brous de noix et gouaches, sculptures et une
grande partie de son œuvre imprimé dont des eaux-fortes, des lithographies et
sérigraphies.
L’ensemble de cette donation témoigne de la qualité d’une œuvre toujours maintenue
depuis les travaux de jeunesse jusqu’à nos jours.
Cette donation est consentie par l’artiste en vue de la création du futur à , dont l’ouverture est prévue en 2010. "
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Pierre Soulages est né à Rodez le 24 décembre 1919
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