NAVIGATION SUR LE LOT : LE TEMPS DES GABARRES
Entraygues, comme son nom l'indique entre les eaux, est idéalement située au confluent de deux rivières, le Lot et Cette situation en fit de tout temps un carrefour important de voies de communication.
Le Lot
"Le Lot ou plutôt : l'Olt (son toponyme véritable) est l'antique Oltis qui prend sa source au pays des Gabales : Le Gévaudan, dans le massif du Goulet qui culmine à 1497 mètres. Sa source se situe à 1382 m d'altitude non loin du village d'Alpiers (Lozère).
Sur une distance totale de 471 km la rivière d'Olt baigne quatre régions naturelles : Le Gévaudan (la Lozère), le Rouergue (l'Aveyron), un peu de la haute Auvergne (le Cantal), Le Quercy (le Lot) et l'Agenais (le Lot-et-Garonne) où elle conflue avec la Garonne à Aiguillon, à la pointe du Rébéquet."
"Seule voie longitudinale vers l'Aquitaine (Quercy, Agenais, Bordelais) l'Olt, Ã partir du confluent de , fut le grand chemin fluvial antique.
Sur une longueur totale dépassant 470 km seuls 256 km de la basse vallée - du port de (Bouquiès) à Aiguillon - et 41 km de la haute vallée, dite montagnarde - à Marcenac (près de ) - soit au total 297 km, seront depuis le haut moyen age, le moyen de communication et la voie la plus utilisée pour atteindre la Garonne.
Le Lot, depuis , n'était navigable et flottable, au maximum, que de quatre à cinq mois par an. Ainsi affirme un proverbe Occitan : De la Sant Martin (11 novembre) a la Sant Jòrdi (23 avril) l'Aiga es merchanda, se lo temps s'i prèsta. Communément, au XV , XVI et XVII siècle la période navigable commençait à la Saint-Michel (29 septembre) et s'interrompait vers la Saint-Jean (24 juin). "
Les bateaux
"Les actes notariaux, provenant du fond Jany et du Sieur Albespy, notaire royal de la cité , de 1641 à 1689, nous révèlent exactement ce qu'étaient les embarcations d'alors servant au transport fluvial des Merrains et leur acheminement vers la basse vallée d'Olt.....
Le 18 février 1641 est passé un contrat de construction de bateau, Sive Macau pour Estre conduit chargé de marraim à la ville de Villeneuve en Agenais..... Le prix de la gabarre,qui devait mesurer 20 Aunes (20 m de longueur ), neuf Palms de largeur en Solle ( 2,92 m ) et cinq Palms de hauteur (1,62 m ) était à livrer à la prochaine feste Saint Michel Archange (le 29/09/1671). Le prix était fixé à six vingt douze livres (132 livres) pour le bateau et pour le chargement et convoyement du Merrain, à 33 livres le millier. Le coût total était de quatre cent trente huit livres, y compris le cordage nécessaire et l'acheminement ( 9 livres ). La charge de Merrain était plus haute que la profondeur du bateau"......
"La majorité des Gabarriers vendaient à destination le chargement de Merrains, ainsi que le bateau destiné à poursuivre sa carrière en basse vallée d'Olt. La gabarre était également vendue en pièces détachées, soit pour bois d'oeuvre, soit pour bois de chauffage.... Il est à remarquer que les départs, soit , soit de Montarnal, s'effectuaient par équipes de trois ou quatre gabarres, formant ainsi convoi. "
Les marchandises transportées
* Les vins. est un produit clef de l'économie médiévale.
Au cours du XIII° siècle les bourgeois Bordelais obtiennent de leur roi-duc plusieurs privilèges :
Interdiction de l'apport des vins du "Haut pays" avant le 11 novembre puis le 25 décembre et liberté de commerce dans tout le royaume.
* Le charbon : Le bassin houiller de Decazeville est systématiquement exploité à partir de 1835 - 1850
* Les Merrains : Pièces de bois de chêne ou de châtaignier pour la confection des fûts (pour le vin)
* Les bois : bois de chauffage, bois d'oeuvre
* Les produits agricoles : blés, farines
* Les produits industriels : sable, pierre
* Produits divers : sel, poissons (morue, )
En effet, dans le courant du XIXème siècle, au retour de Bordeaux, les hommes rapportaient épices et poissons de mer, notamment la fameuse morue séchée et fumée appelée "Stockfish". (les hommes émigrés de Pologne venus travailler au bassin minier de firent découvrir le plat à la population locale). Les Occitans l'appelèrent alors "Estofis" et nommèrent "" son dérivé préparé avec des pommes de terre. (Voir notre rubrique gastronomie).
Au début du siècle vivait encore, à , le dernier responsable de la navigation sur le lot, Turlan, dénommé " l'Amiral", mort en 1912. Le coup de grâce fut porté au transport fluvial avec le développement du chemin de fer et du transport routier à la fin du XIXème siècle (1880/1900).
De nos jours, les gabarres ont laissé place aux embarcations de loisir, et autres.
Extraits de l'excellent ouvrage : Les gabarriers du Lot de Zéfir Bosc éditions du Grelh Roërgà s
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La gabarre du Lot - Aveyron - France
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